Salomon Sellam, « Le Gisant II. Vie bloquée! Deuil bloqué? », p. 229-230.

« CONCLUSION

Sans vouloir jouer sur les mots, comme la musique adoucit les mœurs, le travail de deuil adoucit la mort et ses conséquences. Vous lisez les dernières lignes de ce récit. Dans quelques instants vous tournerez cette dernière page. Vous refermerez ce livre et le rangerez à sa place, simplement, plus ou moins machinalement. Ce n’est pas comme dans un deuil.

Dans un deuil transgénérationnel, commander l’index pour tourner la page du livre familial où est relaté ce décès injustifié et injustifiable s’avère très difficile, voire impossible. Le peu de force encore disponible a déjà été utilisé par la colère plus ou moins rentrée, la tristesse et l’abattement du début, relayés par les sempiternelles et vaines tentatives d’explication… jusqu’à l’oubli quelques générations plus tard. L’oeuvre naturelle du temps.

Avant cet oubli définitif, un descendant particulier en porte la mémoire, entravant le rythme de sa propre vie. Une vie de Gisant. Il lui est proposé de trouver lui-même l’énergie de lire cette page et de parcourir le chemin du deuil, inimaginable pour les générations précédentes. Ainsi, pourra-t-il la tourner un jour pour se libérer mais pour le clan, jamais le livre ne se refermera complètement.

Dans un deuil réel contemporain, sur le moment et plusieurs mois après le drame, voire quelques années, cette page est aussi impossible à tourner pour les mêmes raisons. Pour prévenir l’apparition d’un Gisant, il est proposé à toutes les personnes concernées par le drame d’effectuer le chemin du deuil pour en libérer l’énergie naissante, chacun à son propre rythme.

Dans un deuil symbolique, nous avons l’impression que le livre de notre vie est rangé depuis des années dans la bibliothèque. Mais quelques paragraphes , quelques phrases ou quelques mots s’échappent encore et nous empêchent d’écrire notre histoire d’aujourd’hui et de pleinement la vivre. Il nous est proposé de relire ce récit plus ou moins occulté afin de s’en libérer.

Libérons-nous de toutes ces mémoires, pour nous-mêmes et surtout pour nos enfants!

La liberté de notre présent s’acquiert souvent par la libération de notre passé.« 

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Image Twitter

Vous commentez à l’aide de votre compte Twitter. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s