RETOUR SUR LE TAROT VERT, Préface par Mark Ryan
Dix-sept ans ont passé depuis le début de mes recherches sur le concept original do Greenwood Tarot et quinze ans depuis sa première publication en anglais (1996), durant lesquels il s’est acquis le respect des enthousiastes de Tarot du monde entier.
La sagesse et l’inspiration du monde de la Forêt verdoyante ont été entretenues, personnalisées et mises en pratique par des milliers de gens, qui ont par ailleurs interagi avec les archétypes ésotériques l’habitant et avec la Roue de l’année. De plus, ils ont atteint une conscience spirituelle et culturelle plus considérable de notre relation avec les plaines intérieures de notre mental et ont régénéré la force et la révérence de son héritage. Le modeste rôle que j’ai joué dans le développement de ce vaste monde si différent et si durable me remplit d’un sentiment de grande humilité.
Les nombreuses lectures effectuées au fil des années m’ont permis d’apprécier la flexibilité de ce Tarot, qui m’a étonné maintes fois par sa sensibilité et par les applications pénétrantes mais toujours pratiques que peut susciter une « Question du Graal » sincère et claire. J’ai utilisé récemment le jeu pour trouver une réponse à une question d’une jeune personne. Une fois encore, j’ai été agréablement surpris par la cohérence et la pertinence des lames, même si je ne savais rien de la question ou du processus de prise de décision concernant la situation au moment concerné.
Après trois lectures différentes du même problème, où les mêmes lames étaient revenues trois fois sur diverses positions de l’Etalement de l’Arc offrant doucement mais fermement leurs aperçus, la personne a voulu savoir quelle était, selon moi, la question essentielle. Elle a été extrêmement surprise lorsque je lui ai précisé la véritable nature de son problème et ce qu’elle avait déjà décidé de faire. Il lui fallait seulement une confirmation et la confiance d’affronter les événements en train de se produire et de voir les changements comme une transition positive. Le principal était de tenir le changement de vie et le déménagement pour une occasion, pas pour un recul. Les lames reflétaient son dilemme et refusaient d’être représentées ou manipulées d’une autre manière. L’Etalement de l’Arc avait fonctionné une fois de plus avec grande pertinence et justesse. Le conseil était clair et pratique, incitant à réfléchir, ce qui reste en fait le but ultime du jeu.
Il m’a semblé que le moment était venu de présenter une fois de plus ce jeu à un public plus large. Lorsque l’idée m’a été soumise par mon ami John Matthews, j’ai saisi l’occasion. En y ajoutant les superbes illustrations de Wil Worthington et en utilisant la philosophie de la Forêt verdoyante pour redéfinir et faire évoluer les concepts, nous avons créé Le Tarot de la Forêt Enchantée. Ce nouveau jeu comporte des thèmes familiers et accessibles, présentés de manière réfléchie et claire et des illustrations qui exaltent l’âme et la célèbrent.
Il est intéressant de noter qu’au cours de ces derniers 17 ans, les anthropologues se sont penchés davantage, avec plus d’intérêt scientifique, sur les origines de l’homme depuis les prémices de son évolution. De nouvelles découvertes font remonter dans le temps encore plus qu’on le pensait les premiers pas de nos ancêtres préhistoriques. Elles ont mené à la formulation de nouvelles théories quant à la raison qui nous a poussés à marquer debout et à la manière dont ce développement a changé irréversiblement le chemin de notre évolution. La découverte d’Ardipithecus ramidus, espèce d’hominidé ayant vécu dans une région boisée d’Ethiopie il y a environ 4,4 millions d’années (un million d’années avant « Lucy », Australopithecus afarensis) a suscité des discussions passionnées sur un ancêtre commun. Le squelette presque complet d' »Ardi » et les restes partiaux de plus d’une centaine d’autres individus de ce genre posent de nouvelles questions sur l’évolution humaine dans l’environnement de la forêt primitive qu’ils habitaient il y a des millénaires. Notre relation émotionnelle profonde avec la forêt primitive peut donc être bien plus ancienne et plus physiquement et psychologiquement importante pour notre évolution qu’on le pensait jusque-là.
De récentes études scientifiques ont suscité aussi des inquiétudes à propos des changements écologiques que l’activité humaine a imposés à l’écosystème au fil de ces 150 dernières années. Le réchauffement global et les actions des pays industrialisés susceptibles d’affecter les bases mêmes du fonctionnement de la planète sont devenus une source d’appréhension réelle. L' »empreinte carbone » et les « énergies renouvelables » créent de nouveaux emplois. Le vert est à la mode et nous sommes, enfin, devenus conscients de notre place dans l’écosystème qui nous garde en vie et peut-être même de notre connexion profonde mais oubliée avec la jadis universelle forêt enchantée.
Ces dernières années, j’ai passé beaucoup de temps avec diverses tribus amérindiennes et j’ai été étonné par les nombreuses corrélations entre le système de la Roue de l’année et la Roue de la médecine indigène. Bien que les correspondances ne soient pas directes, plusieurs caractéristiques et concepts sont inhérents aux deux. Les discussions se poursuivent sur les origines des tribus d’Amérique du Nord. Bien que l’ADN semble indique la Sibérie et l’Asie comme point de départ de leur migration, de nouvelles théories d’exploration océanique via la Tasmanie et l’Amérique du Sud ont gagné du terrain.
De mystérieux cercles anciens de pierres, des bâtisses rondes et des chambres funéraires ont été découverts aux Etats-Unis, dans la Nouvelle-Angleterre et le Massachussetts. Certains de ces monolithes de pierre (pesant plus de 45 tonnes) sont alignés avec les solstices et les équinoxes, ainsi qu’avec le lever et le coucher du Soleil. La datation de ces monuments les fait remonter de 1900 à 2400 av. J.C.; certains montrent une influence apparemment européenne ou celtique. Se pourrait-il que les traditions anciennes aient été transportées sur l’autre rive de l’Atlantique bien avant que le pensent la plupart des historiens? Se pourrait-il que le concept d’une planète vivante et d’une matrice de vie interconnectée dont nous sommes un élément et non les maîtres ait migré à travers le globe avant d’être effacé par les diverses religions?
On est frappé par la similarité entre le concept amérindien du Cercle sacré et l’utilisation des quatre éléments, des animaux totems et des couleurs sur le continent européen. Bien que n’étant pas exactement cohérents, même parmi les tribus amérindiennes, les lient sont tout à fait forts, ce qui fait ce demander qui est arrivé en premier? Le système serait-il apparu simultanément dans la psyché humaine collective de nos aïeux?
Au cours de ces 17 dernières années, ma carrière m’a conduit à diriger une nouvelle génération d’acteur et d’actrices dans l’apprentissage des techniques de l’épée et du tir à l’arc pour le film Roi Arthur, à revisiter les étendues désolées des landes hantées du Yorkshire des sœurs Brontë où se trouvent mes racines, à composer des mélodies pour l’adaptation musicale des Hauts de Hurle-vent et à me plonger dans le labyrinthe trouble des renseignements militaires et de l’utilisation de la guerre psychologique et occulte du roman graphique The Pilgrim. Je me suis aussi déguisé régulièrement en robot transformable extraterrestre et j’ai discuté de la nature de l’âme extraterrestre douée de sensibilité dans les entités biomécaniques Bumblebee et Jetfire des trois fils Transformers.
Cependant, je n’ai jamais oublié le pouvoir fortifiant de la Forêt enchantée, qui continue à m’inspirer et à m’entourer sur de nombreux plans et à laquelle je retourne régulièrement pour me ressourcer et me guérir, dans mon pays d’adoption, la Californie. Je suis certain que les connexions archétypales et les concepts chamaniques continuent à résonner et à danser dans l’imagination éternelle de l’esprit humain, et vivent à tout jamais dans nos rêves collectifs les plus primordiaux. Je suis ravi de présenter à une nouvelle génération de lecteurs une variante unique et pleine d’énergie du Greenwood Tarot, Le Tarot de la Forêt enchantée.
Mes plus profonds remerciements à Chesca Potter pour sa relation véritablement magique avec les habitant de la verte forêt ayant donné naissance aux illustrations visionnaires du jeu d’origine. Sa contribution à ce travail a été vitale et inspirée. Où que vous soyez, Chesca, j’espère que vous êtes heureuse.
Mark Ryan, Los Angeles, 2010
LE CHANT DE LA FORET ENCHANTEE, Préface par John Matthews
Les forêts et les bois m’ont fasciné dès mon jeune âge et aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours entendu leur chant. le secret des régions boisées associé à l’obscurité et à l’épaisseur impénétrable me ravissait. Depuis lors, elles ont été un aspect central de mon paysage intérieur, influençant tout ce que j’ai écrit.
Dès la naissance de la littérature occidentale, les forêts ont été tenues pour fournir abri à une foule de créatures mythologiques bizarres: les Hommes sauvages vêtus de feuilles, que le Moyen Âge voyait plus comme des animaux que des hommes, l’Homme vert et la Femme verte, les images les plus anciennes de l’interaction entre l’humanité et la nature, le Wodwose, être pareil à un troll, très fort et féroce, qui garde les recoins les plus secrets de la forêt et, bien entendu, toute la légion d’êtres féeriques, de monstres et de créatures puissantes. Vous en rencontrerez plusieurs dans Le Tarot de la Forêt enchantée.
J’ai toujours aimé le Greenwood Tarot. J’ai été consulté par ses créateur et, bien que l’idée fût entièrement la leur, je me suis senti un peu comme un grand-père se tenant en arrière pendant que les jeunes continuent à créer. J’ai donc été particulièrement ravi quand Mark Ryan m’a demandé d’ajouter mes idées à ce jeu. La vision de cette nouvelle variante appartient surtout à Mark, mais ici et là nous avons travaillé ensemble pour intensifier l’image et la signification des lames, enrichir l’Arcane mineur, et généralement transformer ce qui était déjà un Tarot dynamique en quelque chose de nouveau, reflétant les mondes les plus anciens de la forêt et ceux qui y demeurent.
Travailler une fois de plus avec l’illustrateur Will Worthington a été un grand plaisir. Il a apporté au projet sa sagesse et une compréhension inégalée du monde naturel, dans une évocation riche et puissante de la Forêt enchantée.
Comme Mark, un grand merci à Chesca Potter pour sa contribution au Greenwood Tarot d’où est né Le Tarot de la Forêt enchantée. Chesca, nous espérons que vous aimerez cette nouvelle présentation du Grand bois.
John Matthews, Oxford, 2010

